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Emilie Grangeray, 1 April 2010: "Dans ses nouvelles, l'écrivain australien d'origine vietnamienne parvient à capter l'indicible. Il est né au Vietnam, mais n'avait pas trois mois quand il est arrivé à Melbourne, Australie, en 1979. Il a été avocat avant de se lancer dans l'écriture. De cette expérience, Nam Le a tiré une nouvelle clairement ironique et un brin provocante. Soit le narrateur — un certain Nam donc — qui a laissé tomber l'avocature pour suivre un atelier d'écriture dans l'Iowa. L'arrivée de son père, qu'il n'a pas vu depuis trois ans, va chambouler sa vie: "J'ai rassemblé au plus vite les paquets de cigarettes, les cachets pour dormir, les porte-encens, et j'ai fourré le tout sur l'étagère du haut, derrière mon édition complète de Kafka." Il se souvient de celui qui, après lui avoir administré moult coups de canne, lui massait les chairs avec du baume du tigre. De celui qui, comme il l'apprendra par hasard alors qu'il est adolescent, a perdu tous les siens lors du massacre de My Lai au Vietnam. Et puis il y a la pression, alors qu'il doit rendre son texte de fin d'année, de ses amis et éditeurs qui lui font comprendre que la littérature ethnique se vend bien, qu'il y a une "demande". Pour Nam Le, cette nouvelle inaugurale était une manière de nous interroger : est-ce si important de savoir ce qui est ou non autobiographique "Je n'aime pas les étiquettes. Je veux être lu, jugé et si possible aimé uniquement sur la base des mots écrits sur la page. Pas sur ce que je suis. J'aime embarquer les lecteurs. Qu'ils me croient. Peu importe si c'est vrai ou non. Je ne pense pas être cynique en disant que les Mémoires et autobiographies empruntent davantage à la fiction que la fiction elle-même, car dans les Mémoires on ne peut jamais se défaire de la question: "Qu'est-ce que le lecteur va penser de moi?". La fiction, étrangement, offre davantage de liberté pour explorer, si besoin est, nos zones d'ombre et nos blessures." De fait, si les nouvelles de Nam Le se passent aux quatre coins de la planète, si ses personnages se retrouvent, malgré eux, à jouer un rôle dans la tragédie de l'Histoire, elles n'ont rien de sociologique: ce sont avant tout des drames humains. Que l'on pense à Ron, le très jeune narrateur de "Cartagena"; ou à Parvin et Sarah dans "Ici Téhéran", qui, chacune à leur manière, tentent désespérément de donner un sens à leur vie. Dans "Revoir Elise", c'est contre un cancer du côlon que se bat Henry. Peintre autrefois en vue, il tente d'approcher sa fille, qu'il n'a pas revue depuis dix-huit ans. Douloureuses et impossibles retrouvailles: "Elle est à moi au sens le plus strict, le plus accidentel du terme. Elle est superbe. Elle ne me ressemble en rien." Nouvelle sur la douleur et la vieillesse, les relations père-fille et la culpabilité, la véritable tragédie d'Henry vient aussi du fait qu'il est incapable de mettre des mots sur ce qui lui arrive. Et c'est peut-être le trait commun à tous ces remarquables récits : cette impossibilité des personnages à articuler, donc à comprendre, ce qui leur arrive: "Le langage est la plus belle chose que nous possédons et, pourtant, il reste inadapté. C'est atrocement et douloureusement vrai pour un écrivain: chaque phrase est un échec. L'image, le sentiment que l'on avait en tête ne trouvera jamais sa transcription exacte, complète, précise. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles je suis souvent jaloux, en tant qu'écrivain, de la musique, de la rapidité et de la profondeur de ses effets, ce qu'évoque merveilleusement W. H. Auden dans son poème Homage to Clio." Pour capturer les voix — le vocabulaire, les rythmes et les accents — de ses personnages, Nam Le les "auditionne" les unes après les autres et, "quand l'une semble juste et en symbiose avec l'histoire qui se raconte, alors (il s)'y accroche aussi fort qu'(il) peu(t)". Et les voix sont particulièrement justes — notamment dans "Hiroshima" ou "Le bateau", où, à travers la traversée de la jeune Maï, Nam Le nous fait vivre l'enfer des boat people. Là encore, il interroge la part d'humain en chacun de nous. La perte et la douleur, le poids des responsabilités et celui de l'Histoire. Et, "si les conflits, privations, atrocités - que cela soit au Vietnam ou ailleurs — ne peuvent jamais être correctement rendus par les mots, cela ne signifie pas qu'il faut arrêter d'essayer, car c'est tout ce que nous avons: une fois les survivants disparus, seul reste l'écrit."" |
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Claire Devarrieux, 21 January 2010: "Nam Le a publié son premier livre, les nouvelles rassemblées sous le titre Le Bateau, l’année de ses 30 ans, en 2008. Il est australien, dans la mesure où son foyer se trouve là, c’est le pays où il a grandi. Le Vietnam est sa patrie, il y est né. Il était enfant lorsqu’il a changé de continent, il a fui parmi les boat people. Mais aux Etats-Unis, il est devenu ce qu’il est. S’il faut absolument se limiter à une identité, Nam Le préfère être défini comme un écrivain de langue anglaise. «Le Bateau», nouvelle éponyme qui clôt le recueil, évoque la traversée infernale. Sur l’embarcation brûlée entre ciel et eau, les héros sont un petit garçon et une jeune fille réunis par hasard, ensemble ils frôlent «les champs des morts, ces parcelles d’océan où des milliers de gens avaient chaviré et s’étaient noyés». En amont, la première nouvelle met en scène un auteur encore empêtré dans sa jeunesse et les malentendus, que son père vient voir en Amérique, et qu’un ami félicite car il aurait pu se contenter d’«exploiter à fond le filon vietnamien». Au lieu de quoi, il a écrit sur des endroits où il n’est pas allé, des situations qu’il a n’a pas vécues, il a endossé des genres et des âges qui ne sont pas les siens: exactement les textes du Bateau. «Faulkner avait raison, dit l’ami, il faut écrire sur les vérités éternelles. L’amour, l’honneur, la pitié, l’orgueil, la compassion, le sacrifice.» Cette dernière phrase sert de titre. Nam Le déplore «le scepticisme» à l’égard des œuvres d’imagination. Une certaine école du récit, très en vogue, qui se confond avec l’expérience vécue, n’est pas la sienne — «cette conception limitée de l’authenticité dans la fiction». Les critiques le voient en ventriloque, il est aussi bien un caméléon: adolescent tueur à gages qui tient tête à son patron («Cartagena»), vieux peintre alcoolique qui a rendez-vous chez son gastro-entérologue avant de faire la connaissance de sa fille adulte qui ne veut pas entendre parler de lui («Revoir Elise»), petite Japonaise une seconde avant la bombe atomique («Hiroshima»), jeune bourgeoise américaine désespérée partie retrouver une amie en Iran («Ici Téhéran»). Nam Le dit qu’il veut donner une voix à ceux qu’on n’entend pas, à ceux qui ne s’expriment pas: «Je suis attiré par ces histoires qui ne sont finalement jamais racontées.» Aucun de ces personnages n’est envisageable sans son contexte, qui est un faisceau d’éléments, «si on en enlève un, le personnage ne tient pas debout». Nam Le veille avant tout à ce que ses héros tiennent debout, littérairement et humainement. Certains lecteurs sont plus sensibles à Jamie, l’adolescent australien de «Halflead Bay», avec son petit frère, sa mère mourante, son père sacrifié, et le gaillard qui s’interpose entre sa petite amie et lui. Jamie fait face. Parfois, ce sont les êtres de fiction qui redonnent du courage à un auteur, au lieu qu’il les nourrisse de ses propres faiblesses. Le Bateau se lit avec bonheur et reconnaissance. Et il y a la dernière page, comme pour toutes celles qui précèdent, on n’en perd pas une miette. C’est la page des remerciements, avec plein de gens qu’on connaît : Hannah Tinti, Chris Offutt, Charles D’Ambrosio, Ethan Canin, Marilynne Robinson. Nam Le a suivi leurs séminaires ou leurs ateliers d’écriture, à l’université de l’Iowa. Il s’ennuyait à Melbourne, il a quitté le cabinet d’avocats où il travaillait, pour voyager. Revenu en Australie en 2003 avec un roman de 700 pages, qu’il a fini par jeter, il a entendu un auteur, John Murray, parler de ces ateliers d’écriture. Il a envoyé des textes, il a été admis. Cinq ans plus tard, ses sept nouvelles étaient couronnées de tous les prix littéraires imaginables. La gratitude est un sentiment qui sied à Nam Le. Les romanciers de l’Iowa l’ont aidé à accepter d’être l’écrivain qu’il est devenu. «Il faut à l’écrivain, dit-il, la volonté, la discipline, le talent, mais rien ne peut arriver sans un apport extérieur, sans les livres que j’ai lus et aimés depuis que je lis. La lecture est l’acte le plus intime et le plus engagé. Ces lecteurs qui acceptent à présent de faire vivre mon œuvre en eux, cela me comble de joie.» Il parle de son succès, de sa chance, de son métier, avec sérieux, ferveur, humour. Il ressemble à un acteur de Wong Kar-wai. Il porte des boutons de manchette en forme de gouvernail, achetés à Istanbul." |
Christophe Mercier, 7 January 2010 "Quel rapport entre des boat people perdus en mer, au sud de la Chine, une jeune pianiste russe d’origine américaine, qui va donner un récital à New York, et une famille d’Hiroshima ? A priori, aucun, sinon l’évidente empathie de Nam Le avec les personnages très divers qu’il met en scène. ... Le premier récit, qui donne le «la» du recueil, montre un jeune écrivain américain d’origine vietnamienne aux prises avec une visite impromptue de son père, «Ba», qui ne comprend pas un mot d’anglais. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps, ils ne se sont jamais beaucoup parlé, et le fils se rappelle surtout la sévérité du vieil homme et les raclées qu’il en recevait. Il se rappelle aussi que son père racontait son enfance à lui dans le petit village vietnamien de My Lai, l’attaque des Américains, le massacre. Plus tard, devenu lui-même père, Ba a fui la dictature du Viêtcong et conduit sa famille en Australie. On imagine que Nam Le a mis beaucoup de lui-même dans ce récit d’une grande pudeur, qui dit à la fois la tendresse et l’effroi que le jeune homme éprouve envers ce père qui a connu le pire, et qui, à sa façon, maladroite, violente, autoritaire, a su malgré tout sauver les siens. Après cette ouverture en fanfare, Nam Le promène son lecteur à travers divers lieux où le XXe siècle a donné toute sa mesure d’intoérance et de violence: la Colombie des siegneurs de la drogue, Hiroshima, l’Iran islamiste, avant de clore son recueil — comme un écho à la première nouvelle — par le récit de l’odysée de boat people en mer de Chine. Deux histoires — celle d’un adolescent australien qui s’apprête à défier à coup de poing le costaud du lycée, son rival dans le coeur de sa belle, et celle d’un peintre new yorkais qui tente de rencontrer sa fille, qu’il n’a pas vue depuis qu’elle était toute enfant — paraissent incongrues parmi cette visite au coeur des ténèbres du siècle dernier. Pourtant, là encore, les personnages doivent affronter des démons: la mère de l’adolscent est en train de mourir d’une sclérose en plaque et le peintre vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer à un stade avancé. Ce qui fait l’unité du recueil de Nam Le, c’est la peur, le déchirement, auxquels sont confrontés tous ses personnages. «L’amour, l’honneur, la pitié, l’orgueil, la compassion, le sacrifice»: le titre de la première nouvelle pourrait finalement s’appliquer à chacune, et notamment à «Cartagena», le somme des taudis de Colombie transformé en tueur et chargé d’exécuter son meilleur ami. Nam Le y fait montre d’une virtuosité — flash-back invisibles, détails apparemment anodins qui ne trouvent leur sens qu’après-coup — e’autant plus remarquable qu’elle ne s’exhibe jamais. À elle suele, elle justifie tous les espoirs qu’on peur placer en lui." |
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Isabelle Courty, 8 January 2010: "L'ouragan Nam Le arrive en France. Couvert de louanges et de prix dans les pays anglo-saxons, ce jeune homme de 32 printemps d'origine vietnamienne et résidant en Australie livre un premier recueil de nouvelles époustouflant de maîtrise et de maturité. Les sept histoires contées dans Le Bateau impressionnent par la capacité de l'auteur à se glisser et à se fondre dans des personnages aussi différents qu'une jeune Japonaise d'Hiroshima quelques jours avant l'explosion de la bombe atomique, un garçon de 14 ans d'un gang colombien qui refuse d'exécuter un ami, un peintre new-yorkais qui s'apprête à revoir sa fille après dix-sept ans de séparation, une jeune femme qui se rend à Téhéran ... La plume est précise, merveilleusement adroite à saisir chaque univers dans ses moindres détails. Sept nouvelles (dont la première flirte avec l'autobiographie) qui mettent en scène des hommes et des femmes confrontés à des situations extrêmes. La mort rôde, les cœurs s'ouvrent, les certitudes volent en éclats pour dévoiler la vérité de l'âme. La plume de Nam Le est empreinte d'une douceur et d'un lyrisme qui distillent une émotion d'une rare intensité. Avec la même force à chaque histoire. C'est rare." |
Martine Laval, 30 January 2010: "Sept longues nouvelles à donner le tournis, à nous trimballer d'un pays en guerre à un autre, à bout de souffle, de Hiroshima ville d'outre-tombe aux bidonvilles de Colombie, des rives du Vietnam à celles d'Australie. D'une écriture déferlante, comme on le dit d'une vague monstrueuse, dangereuse, Nam Le inspecte les caprices du monde, intériorise l'Histoire contemporaine et la donne à lire à travers le regard de ses protagonistes. Rien de ce qui est humain ne semble lui échapper, la haine comme l'amour, la lâcheté comme la compassion. Nam Le porte en lui le désastre et se voue à lui donner chair, sans amertume mais avec une clairvoyance saisissante. Le jeune écrivain (il est né en 1978 au Vietnam) ne se contente pas d'écrire des histoires bouleversantes. Il expurge ses textes de tout manichéisme, donne à sentir l'envers du décor, l'envers des âmes. Au fil d'une narration aussi sinueuse que maîtrisée, il s'aventure dans des dialogues d'où suinte l'urgence de vivre, crée des arrêts sur image d'où surgissent folie et grandeur des hommes. Nam Le et sa famille ont fui le Vietnam à bord d'un esquif, direction l'Australie. Le Bateau, la nouvelle qui donne son titre au recueil, raconte avec force et finesse ce voyage en enfer, la trouille, la soif, la promiscuité, la mort, et l'espoir, fragile et tenace." |
Hubert Artus, February 2010 "Une découverte coup de coeur comme même les plus attentifs n’en connaissent que deux trois fois l’an. Surtout si vous êtes grand lecteur. Avec un plus, la joie de la révélation. Dans cette «rentrée littéraire» de janvier, c’est un TTGSS (Très Très Gros Coup De Coeur). L’année commence par un cinq étoiles. Né au Viêtnam en 1978, parti du pays avec les boat people, ayant vécu en Australie puis aux USA, le jeune Nam Le a cartonné avec un Bateau qui, avant d’arriver en France, avait été traduit en quinze langues et avait obtenu plusieurs prix. Il convient de bien présenter un recueil de nouvelles. Donc, focus. Voice sept longues nouvelles. Chacune se déroule dans un endroit différent et lointain: les taudis de Medellin, l’Iowa, Hiroshima, New York, Téhéran, un village de pêche en Australie, le sud de la Chine. Tantôt, dans une nouvelle à coup sûr très autobiographique, un fils écrivain («trafiquant de mots») voit revenir son père, et avec lui encore plus de culpabilité. Une nouvelle à laquelle fait écho une autre, où un père retrouve sa fille qu’il n’a vue que jusqu’à l’âge de … un an. Tantôt, on voit la soumissions des Japonais vis-à-vis de l’empereur. Ici un jeune tueur à gages de 14 ans qui se voit imposer par contrat de tuer son meilleur ami. Là, un jeune surdoué au football est amoureux de la même fille que son coéquipier. «Faulkner avait raison (…) il faut écrire sur les vérités éternelles. L’amour, l’honneur, la pitié, l’orgueil, la compassion, le sacrifice», lit-on dans la toute première nouvelle, qui applique d’ailleurs purement cette maxime. Pour chaque texte, une histoire en cache une autre, plus intime. Et à chaque fois, les deux s’éclairent. Nam Le brouille les pistes en allumant comme des contre-feux narratifs, et organise une grande fabrique d’émotions. Toutes les nouvelles lient l’intime et l’universel, le moment et l’instant, le présent et l’Histoire, la littérature et l’émotion, l’individualité et la filiation. Au final, ce recueil surpuissant forme comme un territoire géographique. Le Bateau, c’est un titanesque coup de semonce."
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Gérard Muteaud, 11 February 2010: "Récit sur la dérive d'un boat people au large de la mer de Chine, «Le Bateau», qui donne son titre au recueil, est la dernière des sept nouvelles de cet auteur, né au Vietnam en 1978. Cale souillée de vomissures et d'excréments, disputes autour d'une simple gorgée d'eau douce, cadavres jetés aux requins: un voyage aux sources du mal pour Mai, la jeune héroïne, dont le père est ressorti aveugle des camps de rééducation communistes. Ce livre saisit les êtres au moment où, confrontés à la peur, la mort et la lâcheté, ils s'interrogent sur leur véritable identité. Puissant et bouleversant." |
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Lucie Cauwe, 22 January 2010: "Qu'est-ce donc qu'être humain? L'écrivain Nam Le répond magnifiquement à la question. Son recueil de nouvelles, «Le bateau», traque l'humanité aux quatre coins du monde. Attention! Choc littéraire. Qui croirait que le premier livre d’un jeune écrivain d’origine vietnamienne, qui a émigré bébé en Australie, aurait cette force et cette maturité d’écriture, provoquerait de telles émotions, questionnerait aussi profondément la nature de l’être humain? C’est pourtant le cas du livre Le bateau, de Nam Le, 31 ans, récompensé de nombreux prix à l’étranger et déjà traduit en quinze langues. Rien à voir avec le simple récit d’un boat-people que pourrait suggérer le titre — même si les réfugiés de la mer sont présents dans l’ouvrage et si ce type de récit est également appréciable. Il s’agit donc d’un recueil de sept nouvelles de longueurs très variées, ce genre facilement moqué en terres francophones, mais qui prouve, si besoin en était encore, la force et l’excellence qui peuvent y coexister. Placées dans l’ordre choisi par l’auteur, seules les nouvelles introductive et finale évoquent le Vietnam. La première met en scène un ex-avocat d’origine vietnamienne devenu écrivain qui reçoit la visite de son père. Deux mondes, deux visions, une confrontation. L’occasion d’approcher le ton si particulier de Nam Le, de remarquer qu’il n’est jamais là où on pourrait l’attendre et qu’il distille déjà son humour face aux aléas de l’existence. La dernière nouvelle se rapporte directement à la terrible réalité des boat-people, à cette expérience épouvantable d’une longue traversée en mer sans garantie d’arriver, et produit à la lecture une tension intense qui ne s’éteint qu’à sa conclusion. Entre les deux, on cheminera des taudis de Carthagène en Colombie aux rues de Téhéran en passant par New York, un petit port de pêche en Australie et Hiroshima. Le lien entre ces différentes destinations? Les êtres humains qui y vivent, ou tentent d’y (sur)vivre, qui révèlent leurs qualités ou leurs misères. Des hommes et des femmes pris dans les filets de leurs relations avec la famille proche et obligés alors de se regarder eux. Mais le dire est retirer la grâce, l’originalité, la légèreté, avec lesquelles le livre est écrit. On parcourt donc le monde à la suite des personnages inventés par Nam Le. Mais on revient toujours à l’humain, désireux de bien faire en général, confronté à ses rêves, aux attentes des siens, ou rattrapé par l’Histoire ou un événement extérieur à lui. Ce qui frappe surtout dans Le bateau, c’est l’extrême maîtrise des propos, la justesse de ton dans l’évocation des tensions. Que ce soit entre des trafiquants de drogue colombiens dans «Cartagena» ou entre un père et sa fille inconnue qu’il doit revoir, adulte et musicienne, dans «Revoir Elise». Que ce soit au sein d’une famille australienne où la maladie d’une mère artiste ronge ses fils et leur père dans «Halflead Bay». C’est dans cette nouvelle que se déroule cette magnifique scène de pêche où est blessée une mouette, qui ravivera des souvenirs personnels chez chaque lecteur et à propos de laquelle Nam Le s’explique ci-dessous. «Ici Téhéran» mêle questions d’amour et de société dans une ville soumise à la loi des milices religieuses. Autant de textes formidablement écrits. Pourtant quand on demande à Nam Le quels sont les thèmes sur lesquels il a envie d’écrire, il répond: «Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’échec de la langue, le meilleur outil dont nous disposions. Comme les personnages du livre, nous avons parfois des difficultés à exprimer ce que nous ressentons, ce que nous voulons, à nous définir. Il y a des moments dans la vie où on ne se sent plus en lien avec le monde, avec les autres, où on ressent une grande solitude, du désespoir.» Sur ces difficultés, il est parvenu à poser des mots magnifiques et sans concession." |
André Clavel, 23 January 2010: "Nam Le s’est enfui du Vietnam avec ses parents en 1979 avant de se réfugier en Malaisie, puis en Australie. Dans ce premier recueil de nouvelles, il défriche des chemins sur lesquels on n’a pas l’habitude de s’aventurer. Il y a l’amertume, la colère, la douleur de quitter sa terre natale, la peur d’un avenir qui a le goût de l’exil. Entassés sur un bateau — un rafiot de fortune —, des hommes et des femmes fuient le Vietnam communiste. Ceux qui restent sur le pont sont atrocement brûlés par le soleil, en proie à la faim et à la soif. Au-dessous, dans la cale souillée par les excréments et les vomissures, les malades agonisent. Pour ne pas contaminer les survivants, les morts sont aussitôt jetés à la mer. Sur ce bateau de la dernière chance, la jeune Maï scrute depuis treize jours l’horizon, un impossible ailleurs où elle espère pouvoir trouver une terre promise. Comme des milliers d’autres boat people, elle a brutalement abandonné sa famille et, en attendant d’être délivrée de ce calvaire, elle serre entre ses bras un gamin qui finira par mourir: à l’arrière de l’embarcation, des hommes dérouleront une couverture et lanceront son cadavre le plus loin possible de la coque «pour qu’il soit hors de vue lorsque les requins attaqueront». Cette histoire terrible est la dernière du Bateau, un recueil de nouvelles signées par un inconnu, Nam Le, qui s’est enfui du Vietnam avec ses parents en 1979 avant de se réfugier en Malaisie, puis en Australie. Il a suivi des études de droit à Melbourne, a été avocat, et a fini par débarquer dans un atelier d’écriture de l’Iowa où il a fait ses gammes en échafaudant ces sept nouvelles, toutes admirables. Parce que leur auteur défriche des chemins sur lesquels on n’a pas l’habitude de s’aventurer. Et parce qu’il est capable de changer de ton, d’un récit à l’autre, afin de coller à son sujet. Quant à ses personnages, saisis à la volée aux quatre coins du monde, ils se présentent devant nous à un moment crucial de leur existence, pour s’interroger sur leur propre identité, franchir un pas décisif — et parfois fatal —, vivre un épisode familial douloureux ou affronter la mort. Le narrateur de la première nouvelle est sans doute l’alter ego de Nam Le. Comme lui, c’est un écrivain débutant, formé dans une université de l’Iowa. Comme lui, il est né au Vietnam, où son père a assisté au massacre de My Lai — en mars 1968 — avant d’être torturé dans un camp de rééducation communiste et de se réfugier en Australie. Ce père, avec lequel il s’est enfui de sa terre natale, le narrateur va le retrouver en Amérique et leur face-à-face est un très beau moment du livre. Avec, à la clé, deux questions brûlantes: le fils devra-t-il porter à son tour le fardeau qui a écrasé son père? Devra-t-il s’identifier à cet homme blessé au plus profond de sa chair, dont «le passé est trop vaste pour la plainte, et trop périlleux pour la mémoire»? Les autres récits du Bateau ratissent très large, et ressemblent parfois à des reportages. On passera ainsi d’un barrio sordide de Medellin — où les caïds de la pègre recrutent de jeunes tueurs — à un appartement de Téhéran — où se réunissent clandestinement des opposants au régime islamiste — et à un auditorium de New York où un peintre traque le fantôme de sa fille, qu’il n’a pas revue depuis dix-sept ans … Mais il y a aussi ce portrait subtil d’un lycéen australien complètement déboussolé à cause de la maladie de sa mère, soudée à un fauteuil roulant. Ou, encore, ce zoom sur la petite Myako, une Japonaise réfugiée dans un temple à l’heure où les bombardiers américains s’apprêtent à transformer Hiroshima en un champ de ruines, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. On est frappé par l’aisance avec laquelle le ventriloque Nam Le change de sujet, d’atmosphère ou d’époque. De ses voyages — contraints ou délibérés —, il a rapporté une manne: un sens de la télépathie, une fabuleuse compassion envers tous ces personnages qu’il met en scène quand leurs destins basculent. Une belle découverte, en attendant de lire le premier roman auquel Nam Le travaille en ce moment." |
André Clavel, 28 January 2010: "Dans Le Bateau, l'Australien Nam Le évoque sept destins fragiles avec la délicatesse d'un peintre des âmes. Un premier recueil remarquable. Le bateau dont il est question dans ce livre fut celui du dernier espoir: Nam Le n'avait que quelques mois lorsque, en 1979, il grimpa avec ses parents sur un rafiot de fortune pour fuir le Vietnam communiste, comme des milliers d'autres boat people. Réfugié à Melbourne, Nam Le y est devenu avocat, avant de mettre le cap sur l'Amérique, où il apprit à défendre une autre cause — celle de la littérature — dans un atelier d'écriture de l'Iowa. Coup d'essai, coup de maître : les sept nouvelles réunies dans Le Bateau sont tout simplement remarquables. Parce qu'elles épousent toute la palette des émotions, à fleur de peau, à fleur de mots. Et parce qu'elles ne sombrent jamais dans la répétition: si Nam Le évoque dans deux de ses récits la tragédie de son peuple et de sa famille, à l'époque de l'exode vietnamien, il est aussi capable de changer de registre avec une agilité de funambule. Pour donner la parole à un jeune sicario, un tueur à gages recruté dans la fange d'un barrio de Medellin. Pour mettre en scène une résistante iranienne traquée par les barbus de Téhéran. Pour recueillir les confidences d'un lycéen australien qui s'apprête à affronter son rival à coups de poings, pendant que sa mère agonise. Ou pour se glisser dans la peau d'une gamine d'Hiroshima qui, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, scrute le ciel où se profilent de funestes silhouettes — celles des bombardiers américains. D'une nouvelle à l'autre, Nam Le dessine au fusain des destins précaires, fragiles, prêts à se fracasser à la croisée de chemins où rôdent la violence, la peur, la solitude, la mort. Sa voix ne sacrifie jamais au pathos, parce qu'il la maîtrise avec panache. Une révélation." |
Michel Schneider, 27 February 2010: "«Mais que voulez-vous donc être?» demanda un jour le père de Diderot. Admirable réponse du fils: «Ma foi, mais rien du tout. J'aime l'étude. Je ne demande pas autre chose.» Ce pourrait être le sens d'une vie d'écrivain, n'être rien de précis. N'être que ses personnages ou ses livres, ceux qu'il lit, ceux qu'il écrit. Qui est Nam Le? «Je ne sais pas», répond-il. Il a été enfant boat people vietnamien, avocat d'affaires en Australie, étudiant dans l'Iowa, rédacteur de fictions à la Harvard Review. Il est aujourd'hui l'auteur d'un fulgurant recueil de sept nouvelles, «Le bateau», où toutes ses vies se retrouvent dans autant de fictions. Le thème? Des hommes et des femmes saisis dans le vertige juste avant de disparaître. Une jeune Américaine à Téhéran cherchant un sens à sa vie, un assassin adolescent et colombien, des clandestins en quête de port, un père jamais vraiment revenu du massacre de My Lai, un fils écrivain en devenir, un peintre à New York s'angoissant de revoir sa fille, des gens ordinaires un jour ordinaire à Hiroshima le 6 août 1945 ... Tous sont à un point de basculement de leurs vies, confrontés par leur famille ou par l'Histoire à ce qu'ils sont, ce qu'ils croient, ce qu'ils croient être, ce qu'ils désirent ou croient désirer. Des destins errant sous un ciel vide. Tous sont sans attaches, en transit, de perte en perte. «Nous sommes embarqués» , disait Pascal. Chacun son bateau, sa galère. D'écueils en récifs, rafiot ou «Titanic», tous sombrent. Nam Le ne sait pas ce qui leur est arrivé. Il l'imagine. Nam Le pense qu'on ne connaît jamais rien ni personne et que seule la fiction permet de s'approcher des autres. Il faut donc écrire sur ce qu'on ne connaît pas, à l'inverse du précepte de Wittgenstein. Ce dont on ne peut pas parler, il ne faut pas le taire. Il faut le dire, l'écrire, mais sans expliquer. Etre romancier, c'est ça: on écoute des inconnus, nos pères, nos proches, comme s'ils parlaient une langue étrangère qu'il faut apprendre, en sachant que la comprendre, on ne le pourra jamais. «Choisir sa manière propre d'échouer en littérature», dit Nam Le. Est-ce cela, le style ? Nam Le a trouvé le sien dès son premier livre, un mélange de grâce et de douleur, une lancinante poésie masquée par la trivialité du réalisme." |
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Claire Lesegretain, 11 February 2010: "Les bidonvilles de Medellin, les rues de Téhéran, un port de pêche australien ou en navire de boat-people sont le cadre des impressionnantes nouvelles à l’atmosphère singulière. Paru en mai 2008 aux États-Unis, ce recueil de sept nouvelles — ayant repris le titre de la dernière d’entre elles, The Boat —, a été salué outre-Atlantique comme une «oeuvre magistrale» couronné par plusiers prix — don’t le Dylan Thomas prize — et traduit en une quinzaine de langues. Et il est vrai que l’on reste longtemps marqué par l’atmosphère lourde de solitude, de culpabilité et de peur qui imprègne ces sept récits. Dans Cartagena, Juan Pablo, jeune tueur à gages de Medellin, est terriblement seul face au commanditaire pour lequel il travaille et qui le torture psychologiquement en l’envoyant tuer son seul ami. Dans Revoir Élise, Henry Luff, peintre new-yorkais à succès, est désespérément seul dans son attente d’un signe de sa fille violoncelliste qu’il n’a pas revue depuis dix-sept ans et qui se joue de lui. Dans Halflead Bay, Jamie, adolescent australien timide et emoureux d’Alison, est profondément suel face à sa peur d’affronter le costaud dy lycée, protecteur attitré de sa belle. Dans Ici Téhéran, l’Américaine désinvolte Sarah, venue rejoindre son amie iranienne Parvin en pleine fête chiite d’Achoura, est dangereusement seule dans le fracas menaçant d’interminables cortèges d’hommes en sang … Tous ces personnages semblent emprisonnés en eux-mêmes et incapables d’agir. La plupart d’entre eux sont également privés — ou en quête — de leur père, à l’instar de l’écrivaine débutant — d’origine vietnamienne, comme Nam Le, qui a grandi en Australie — du premier récit, L’amour, l’honneur, la pitié … Cet étudiant de l’université de l’Iowa est confronté à une visite impromptue de son père, Ba, qu’il n’a pas revu depuis très longtemps et don’t il garde l’humiliant souvenir de ses brutalités. En écoutant Ba se raconter, lui qui a été victime d’un massacre à 14 ans, qui a été fait prisonnier et qui a fui la dictature, l’écrivain va se remettre à croire en son père. Et l’on devine que l’auteur a mis beaucoup de lui dans ce récit. Ces nouvelles captent également l’attention par leur puissance d’évocation des odeurs, des sons, des paysages … Ainsi, Hiroshima rend sensible l’univers visuel d’une fillette japonaise à la fin de la Seconde Guerre, entre souvenirs d’une nature harmonieuse et visions prémonitoires de l’apocalypse qui s’annonce. De même, Le Bateau plonge la jeune Mai — et le lecteur avec elle — dans l’effroyable dohue d’un navire de clandestins sur la mer de Chine, échappant miraculeusement à une sombre tempête et à une mortelle épidémie. Autant de descriptions qui marquent l’imaginaire en profondeur et qui se conjuguent avec une analyse très fine de la souffrance humaine." |
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Aurélie Julia, March 2010: "N’ayons donc pas peur des mots: le recueil que l’on vous propose ici vous hypnotise. Son auteur? Nam Le, bref, un parfait inconnu sur le territoire de Maupaussant et Nerval. Enfin, l’anonymat s’évapore au fil des semaines: depuis la parution de son livre en Australie (2008), cet «ancien» avocat de 32 ans collectionne hommages et prix littéraires anglais. Le phénomène se poursuivra en France, n’en doutons pas: s’il y a frilosité à l’égard du genre, la plume balaye d’un coup les réticences des esprits pour peu que l’on accepte de tourner trois pages. Mais qui est Nam Le? Un trafiquant de mots et d’impressions qui vous promène au milieu des taudis colombiens, vous immerge dans la folie des manifestations iraniennes, vous balade à New York, vous asperge d’odeurs fétides et pernicieuses sur une embarcation de boat people. Vous serez écrivain en proie aux doutes, tueur à gages, papa octogénaire miné par la maladie, ado sportif, petite fille à Hiroshima, voyageur clandestin sur les mers de Chine. Nam Le fait corps avec ses personnages emprisonnés dans leurs angoisses; sa langue, qui n’hésite pas à puiser dans le registre du poétique et du cru, parvient à retenir l’obscurité de ces âmes aux attitudes terriblement humaines. Tous ses héros se placent au virage d’une existence, à la croisée du «qui suis-je? que suis-je? suis-je quelqu’un?» Résultat? Le lecteur se coule dans une esthétique aux mille visages et s’enivre des sept histoires au phrasé si prégnant. L’ensemble brille par son insolente maturité."
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Baptiste Liger, February 2010: "Nam Le n’est pas forcément du genre à écouter les conseils. Ainsi, dans la première nouvelle de son recueil intitulé Le Bateau, un personnage s’exclame: «Tu pourrais exploiter à fond de filon vietnamien. Au lieu de quoi tu préfères écrire sur des ghoules lesbiennes, des tueurs colombiens, des orphelins d’Hiroshima — sans oublier des peintres new-yorkais et leurs hémorroides.» Même s’il n’a pas fait abstraction de ses origines, le jeune (31 ans) écrivain australien — d’origine vietnamienne — a choisi d’autres voies, déroulant à travers la réplique précitée des histoires à suivre. On passe ainsi du destin d’un sicario (assassin sur commande) de Medellín à celui d’un champion sportif supportant mal la violence autour de lui, de quelques boat people affamés au bruit des B-52 au-dessus d’Hirishima: «Tout le monde sait que ces couards d’Américains ne lâchent des bombes que lorsu’ils ont des centaines d’avions, volant en formation comme des oies sauvages dans un bruit de tonnerre.» Entre autres exemples, Nam Le démontre une saisissante acuité lorsqu’il évoque un artiste, malade, qui tente de retrouver sa fille. L’image paternelle est d’ailleurs l’un des fils conducteurs du recueil, don’t la plus brillante illustration est la nouvelle d’ouverture, L’amour, l’honneur, la pitié, l’orgueil, la compassion, le sacrifice (un clin d’oeil à Faulkner). Un père rend visite dans l’Iowa à son fils, écrivain en proie à l’angoisse de la page blanche. «Je n’a’vais jamais été autre chose qu’un trafiquant de mots», confie le narrateur. Au vu de sa justesse psychologique et de son habilité dans la narration, Nam Le n’a rien d’une petite frappe littéraire."
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Thierry Gandillot, 19 January 2010: "Nam rédige des nouvelles qui se déroulent dans des pays, sous des latitudes ou à des époques très différentes : des jeunes tueurs colombiens en rupture de ban dans «Cartagena»; un peintre new-yorkais atteint d’un cancer du côlon en phase terminale qui va revoir sa fille devenue une violencel-liste de renommée international après dix-sept ans de séparation dans «Revoir Elise»; un jeune Australien qui tombe dans les rets d’une bimbo don’t le petit ami, une dangereuse brute, a la réputation de massacrer sans pitié ses rivaux dans «Halflead Bay»; une jeune Américain déprimée à la suite d’un chagrin d’amour qui va retrouver une amie en Iran dans «Ici Téhéran»; une petite Japonaise pendant la Second Guerre mondiale dans «Hiroshima». Seule la septième et dernière nouvelle qui traite des boat people, bouclant la boucle, revient sur le motif ethnique et son histoire personnelle. Elle s’appelle «Le Bateau» et donne son titre au recueil. Une telle approche pourrait apparaître décousue ou factice, une tentative virtuose destinée à montrer l’éventail de son talent. Ou encore à retarder le moment d’affronter le grand sujet que chaque écrivain est censé porter en lui. Mais Nam Le a évité ce piège, grâce à l’áuthenticité et à la gravité du ton, remarquable pour un si jeune écrivain. Il saisit ses personnages à un moment clef de leur existence, confrontés à la mort, à l’angoisse ou à la disparition d’un être cher. Malgré leur diversité, ils incarnent l’être humain dans ce qu’il a de plus noble et de plus fragile. C’est en cels qu’ils nous touchent. Avec «Le Bateau», Nam Le tient le bon cap, il lui reste à affronter le grand large. On annonce un roman." |
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Jean-Marie Gavalda, 28 January 2010: "Voilà la découverte de cette rentrée littéraire de janvier: Le Bateau de Nam Le (Albin Michel), une série de sept nouvelles qui vous happent jusqu’à la 351e page. La première, autobiographique et initiatique, met en scène un jeune Vietnamien installé dans l’Iowa, s’essayant à l’écriture, non sans souffrance, angoissé par une échéance éditoriale. L’arrivée à l’improviste d’un père tourmenté, tenu à distance, l’enlise davantage. Avant qu’une catharsis ne le délivre: la révélation du passé enfoui du père, des atrocités endurées pendant la guerre du Vietnam. L’écrivain tient enfin son sujet. Il sera dans les temps. Mais la fatalité ne lache jamais prise … Chaque nouvelle de Nam Le est organisée comme un implacable compte à rebours. Une lutte flamboyante mais désespérée pour inverser le destin. C’est un petit caïd colombien brisé par un parrain de la drogue, un peintre new-yorkais laminé par un cancer, un lycéen australien sacrifié par une petite amie perverse, une amoureuse éconduite à la dérive dans Téhéran, une boat people embarquée dans une traversée terrifiante: Le bateau. Nam Le combine tension du récit, fluidité du style, et une puissance tellurique lorsqu’il décrit la nature. Il sait aussi faire corps avec des personnages et des univers totalement différents. «Je n’ai jamais été autre chose qu’un trafiquant de mots», dit l’écrivain débutant. Déjà si séduisant." |
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Jean-Maurice de Montremy, 10 January 2010 "Les nouvelles de ce jeune Australien né au Vietnam placées sous le signe de Faulkner. Recueil de nouvelles et premier livre du jeune Australien Nam Le (né en 1978), venu du Vietnam parmi les boat people, Le Bateau porte le titre dy récit final. Le lecteur y suit la traversée qui mène treize jours durant une embarcation vétuste, bondée, avec une centaine de personnes, vers l’autre-terre tant espérée. Ouverte par une tempête impressionnante, la narration se poursuit tandis que la soif et le soleil tuent les naufrages à la dérive. Leurs souvenirs brouillés par la fièvre permettent des allers-retours vers le passé. Où l’on retrouve la violence de la guerre américaine mais aussi de l’impitoyable «reéducation» du Sud pratiqué par le Vietcong. Mai, personnage principal de la nouvelle, une jeune fille, incarne de manière silencieuse et poignante le thème commun aux sept tires du recueil: l’impossible communication avec les parents et plus particulièrement les pères, murés dans leur torturant sentiment de culpabilité. En pourrissant la filiation, le communisme vietnamien a brise l’ancestrale hiérarchie du respect de soi et des ancêtres. ... L’emotion revient, poignante, avec Halflead Bay, un court roman (84 pages), situé sur la côte australienne. Un garçon de 18 ans vit la fin de l’adolescence et défie le brutal séducteur du collège pout obtenir l’amour d’une fille imprévisible et peut-être inconsciente du danger. Cette rude éducation sentimentale se déroule en contrepoint d’une vie de famille déchirante et de la crise qui frappe les patrons pêcheurs de Halflead Bay." |
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Guy Duplat, 18 January 2010: ""Le bateau", premier livre très réussi d’un jeune auteur d’origine vietnamienne. Nam Le est un jeune écrivain d’origine vietnamienne de 31 ans, qui a fui son pays avec les boat people, pour rejoindre l’Australie. Après des études de droit aux Etats-Unis, il choisit l’écriture et, sur base d’un seul livre, "Le bateau", un recueil de nouvelles, il a déjà été propulsé parmi les auteurs anglo-saxons à succès, acclamé par de nombreux écrivains et critiques. On attend maintenant son premier roman mais ce recueil, qui vient d’être traduit en français, témoigne effectivement de qualités littéraires remarquables: justesse psychologique des personnages, sens dramatique, variété époustouflante de sujets. Il plonge ses personnages dans des situations qui mettent à nu leurs relations avec le père ou la mère, leurs amitiés et amours, leurs désirs et déceptions. On est sous le charme de son écriture et de la grande maturité dont il témoigne dans le rendu des sentiments et des émotions. La nouvelle "Le bateau", qui donne son nom au recueil, raconte le "Radeau de la Méduse" d’une centaine de réfugiés vietnamiens fuyant les communistes et entassés sur un rafiot prévu pour quinze personnes au maximum. Tempête, pannes, morts, maladie: la petite Maï, poussée par son père à choisir l’exil, y apprend le drame de la vie: "elle comprenait la nécessité de rester à la surface des choses. Car en dessous, il n’y avait que la terreur ou le délire". La première nouvelle, "L’amour, l’honneur, la pitié, l’orgueil", est quasi autobiographique avec un jeune exilé vietnamien en stage dans un atelier d’écriture en Iowa et recevant la visite de son père. Celui-ci, qui a vécu le massacre de My Lai, aurait voulu que son fils soit avocat. Il le harcèle, mais le destin littéraire gagne et le futur écrivain découvre la fragilité de chaque homme: "j’ai pris conscience que la surface d’une rivière mettait des heures, voire des jours à geler — à retenir dans sa peau un monde d’une perfection cristalline —, et qu’il suffisait pour faire voler ce monde en éclats d’une pierre lâchée comme une simple syllabe". Entre ces deux nouvelles plus autobiographiques, Nam Le nous entraîne dans un vrai voyage à travers le monde et les atmosphères les plus diverses. "Cartagena", notre préférée, raconte l’histoire d’un jeune Colombien de 14 ans devenu tueur à gages pour un caïd de la drogue et qui découvre les limites entre l’amitié et la guerre. Poignant. Nam Le plonge alors à New York, auprès d’un peintre âgé souffrant d’un cancer du colon, amoureux fou d’un modèle mort peu auparavant, et qui va peut-être, enfin, revoir sa fille Elise, grande violoncelliste. Mais celle-ci lui accordera-t-il ce dernier plaisir? L’auteur nous amène ensuite à Hiroshima, dans la vie quotidienne juste avant le grand éclair de la bombe. On passera encore par un port de pêche australien où un jeune adolescent, star du football scolaire, cherche les ennuis en draguant l’amie du caïd au moment où sa mère se meurt. Et voilà Nam Le reparti pour Téhéran cette fois, où il raconte comment Sarah, une Américaine, arrive chez les ayatollahs pour retrouver Parvin, une ancienne amie fortement impliquée dans le combat des femmes. Elle y confronte ses propres aspirations et difficultés à vivre avec celles d’une militante prenant tous les risques. Nam Le démontre à son tour que la nouvelle n’est pas forcément un genre mineur de la littérature. Et on attend avec espoir qu’il confirme cette première réussite." (Click here for La Libre Belgique interview with Nam Le.)
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Oriane Jeancourt Galignani, January 2010: "Un nom vietnamien, une enfance australienne et une formation américaine, Nam Le est un phénomène de la littérature mondiale: il appartient à tous et reste ainsi libre de ne ressembler à personne. Ce jeune écrivain de 30 ans a eu l’aduace de composer un premier livre de nouvelles, Le Bateau, dans lequel il dérive du bureau d’un jeune écrivain américain d’origine vietnamienne, à la tranquillité du ciel d’Hiroshima à la veille du 6 août 1945, jusqu’aux manifestations de la jeunesse de Téhéran. Accueilli comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’année 2008 par la critique américaine, Le Bateau permet à l’écrivain d’expérimenter diverses formes narratives: s’approprier la voix d’un adolescent colombien comme porter le récrit d’un clandestin sur un de ces radeaux de la méduse modernes qui dérivent des côtes de la misère vers l’eldorado occidental. D’une troublante poésie, l’écriture de Nam Le fige un monde sur le point de disparaître, un individu avant qu’il ne se perde, dans la grâce de l’instant. Car si chaque personnage se débat dans l’âpreté du monde contemporain, il porte aussi en lui l’éternité tragique de l’individu face à son destin. Nam Le ne cherche pas à cerner l’identité des hommes dans la mondialisation. Descenant de Joyce et de Faulkner, il ne croit pas à la rigidité d’un sujet agissant, mais à la mouvance d’un flux de conscience inaccessible à la connaissance. Nam Le n’avait que 3 ans lorsqu’il grimpa sur un boat people pout traverser la mer de Chine et échouer sur les terres australiennes. Il pourrait, comme le narrateur de sa première nouvelle, faire le récit de son histoire et de celle de ses parents, rescapés de la guerre. Il a choisi de s’effacer pour accueillir les voix de ses personnages et échapper ainsi au récit d’expérience, d’oublier le témoin pour devenir l’écrivain, ce drôle de personnage qui ne doit rien à personne, sinon a son ouevre. Rencontre avec ce digne colon de la littérature contempororaine." |
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Augustin Trapenard, 19 February 2010: "Un tour du monde en sept nouvelles, c’est possible grâce à Nam Le, ce jeune Australien qui fait figure de prodige dans le monde anglophone. Si «Le Bateau» évoque à demi-mot le souvenir des boat people et de l’exode vietnamien, il vogue aussi vers d’autres destins. Ceux d’une poignée d’invisibles face au désordre du monde, de la misère des barrios colombiens au désastre d’Hiroshima, en passant par l’Australie, l’Iran ou Les Etats-Unis. Qu’il déchaîne le langage ou les passions humaines, c’est toujours par l’imagination que Nam Le nous mène en bateau." |
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Minh Tran Huy, March 2010: "Ne pas se laisser enfermer, ne pas non plus renier son héritage: en somme, se donner toute latitude dès qu’il s’agit de créer. Si Le Bateau s’achève sur le récit, poignant de retenue, du quotidien de boat people vietnamiens pendant une traversée infernale, il nous aura faits voyager de la voix nourrie De l’Amérique à l’Afghanistan, Nam Le explore en caméléon les pays et les psychologies, mais aussi différentes formes, narrations et conceptions de la fi ction. Il a le sens de la construction et de la description, du dialogue comme de l’image — la «peau» cristalline d’une rivière gelée, retenant en son sein une eau noire et torsadée, devient ainsi la métaphore de la fragilité d’une mémoire, d’une relation, d’un style enfi n. Cependant il ne se contente pas d’être habile ou intelligent; il possède ce don d’empathie qui lui permet d’épouser au plus près la vulnérabilité de ses héros, en proie à un exil géographique mais aussi mental et métaphysique. Il sait dire le désespoir tranquille, l’aveuglement, |
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Yves Yvollier, 18 February 2010: "Il suffit quelquefois des premières phrases pour tomber sous le charme. C’est exactement ce qui se passe avec Nam Le. Ce jeune Vietnamien (31 ans), débarqué en Australie après avoir fui son pays en bateau, évoque sa traversée infernale, dans deux nouvelles de ce recueil qui en compte sept. Mais il nous fait partager aussi la compagnie d’un tueur à gages révolté contre son patron, d’un père peintre et alcoolique qui désespère de retrouver sa fille, ou d’une petite Japonaise qui vit ses dernières minutes à Hiroshima. Et, à chaque fois, on est pris par l’évidence saisissante de son récit d’une étonnante sensibilité à des cultures différentes. Ses heros restent des êtres ordinaires embarqués dans une histoire qui souvent les dépasse et ils nous parlent au coeur. Nam Le a abandonné une profession d’avocat en Australie pour essayer de devenir écrivain en Amérique. Ce premier recueil de nouvelles montre d’emblée qu’il est un merveilleux conteur." |
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Karine Papillaud, 21 January 2010: "Nam Le, jeune écrivain australien d'origine vietnamienne, qui s'impose comme la révélation de la rentrée avec Le Bateau. Embarqué pour de grands voyages sur le «Bateau» de Nam Le. Ça bruisse dans les milieux littéraires des deux côtes de l’Atlantique, où Nam Le apparaît comme LA révélation du moment, soutenue à la fois par la presse et les écrivains. En plus de récompenses glanées dans la plupar des pays anglo-saxons, de grand romanciers comme Richard Ford, William Boyd, Junot Diaz ou Charles D’Ambrosio l’ont adoubé dès la parution en 2008 aux Etats-Unis de son premier livre. Sorti ce mois en France, Le Bateau (Albin Michel) est un recueil de nouvelles qui a déjà été traduit en quinze langues. «Je suis très reconnaissant de ce qui m’arrive, et f’ai conscience que cela est assez rare pour des nouvelles», confie le jeune écrivain qui fêtait vendredid dernier ses 31 ans à Paris. Né au Vietnam, emmené par ses parents dans leur fuite vers l’Australie quand il a trois mois, Nam Le ne souscrit pas à l’habituel cliché de l’écrivain déraciné: pas de questionnement identitaire dans les sept nouvelles qui composent Le Bateau. Ces histoires qui se passent à Tel-Aviv, New York, Hiroshima ou Medellin traitent de l’honneur, de l’amour filial, du choix, dans un style sobre et doux qui termine chaque nouvelle sur un suspense. La magie de Nam Le est de transformer une histoire courte en vrai roman, ample et profond. «Pour moi, un roman est un univers à part entière, reprend-il. Une nouvelle n’est pas un monde en plus petit, mais ouvre au contraire la voie d’une histoire plus grande.»" |
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Direct Soir, 14 January 2010: "Nouveau venu sur la scène littéraire internationale, le jeune Nam Le publie son premier recueil de nouvelles. Baptisé «Le bateau», ce livre promet de faire de belles vagues. Traduit en quinze langues, couronné par plusieurs prix — dont le Dylan Thomas Prize — Le bateau de Nam Le est une embarcation sur laquelle il fait bon voguer. D’abord promis à une carrière d’avocat, l’auteur s’est tourné vers la littérature en suivant un atelier d’écriture à l’université d’Iowa aux Etats-Unis. Les nouvelles qu’il publie aujourd’hui y ont pour la plupart été conçues. Mais que le lecteur ne s’y trompe pas : le résultat n’est pas seulement le fruit d’un labeur estudiantin. Dans les récits de Nam Le, il y a de la passion, de l’émotion et surtout de l’inspiration. De la Colombie à Téhéran, en passant par New York et Hiroshima, son recueil fait le tour de la Terre en sept nouvelles. Aussi différentes sur le fond que sur la forme, elles révèlent un auteur caméléon, capable de se glisser dans la peau d’un jeune tueur à gages, comme d’un adolescent amoureux, d’une femme ou d’un vieillard. De ces sept histoires, on retiendra particulièrement la première et la dernière, plus personnelles que les autres. Nam Le y évoque ses origines vietnamiennes, l’exil terrible de ceux que l’on appelait les boat people, fuyant leur pays sur des navires de fortune. Impossible pourtant de lui coller une étiquette d’«écrivain ethnique». Nam Le ne verse pas dans l’autobiographie: «La vérité et la crédibilité sont souvent aux antipodes l’une de l’autre; la biographie est à la fois essentielle et sans intérêt», confiaitil ainsi lors d’un entretien organisé par sa maison d’édition." |
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Michiko Kakutani, 7 January 2010: "Nam Le, jeune prodige à découvrir. Le bateau qui donne son titre à cet exceptionnel recueil est bondé de réfugiés vietnamiens : deux cents personnes entassées depuis deux semaines dans un espace conçu pour quinze, en proie à la faim, à la soif et à la maladie, la peau brûlée par un soleil de plomb. À l’intérieur, la cale est souillée de vomissures et d’excréments. Pour les malades, pas de médicaments et à peine de quoi boire; les cadavres, paquets d’os décharnés, sont jetés par-dessus bord, dans une mer infestée de requins. Au bout de plusieurs jours de voyage, la jeune héroïne de la nouvelle, Mai, comprend pourquoi son père — qui a passé cinq ans à combattre les communistes et deux en camp de rééducation — s’est toujours efforcé de vivre à la surface des choses, au jour le jour, sans regarder ni en arrière ni à l’intérieur de lui-même: «Parce que, sous la surface, il n’y avait que la peur, ou la folie. À mesure que les cadavres étaient jetés à la mer, elle s’obligeait à détourner les yeux, à oublier que ces tas d’os avaient été des hommes, renonçant à identifier les familles décimées. Elle trouvait une distraction dans les petites choses: la météo, la prochaine gorgée d’eau, l’avancée inexorable du temps.» Ce récit, comme beaucoup d’autres dans le livre, saisit les être à des moments paroxystiques, assaillis par la mort, la dépossession, la terreur — ou les trois à la fois. Des êtres contraints d’affronter au niveau le plus fondamental la question de leur identité, de leurs désirs et de leurs croyances. Qu’ils soient menacés par la perspective de périr en mer, d’être abattu par un caïd de la drogue ou de perdre des proches dans la guerre, les personnages de Nam Le sont à la croisée des chemins, contraints à cette alternative: réagir comme l’animal affolé pris sous les phares d’une voiture, ou faire face pour désamorcer la situation. Le narrateur de la première nouvelle, «Amour et honneur et pitié et fierté et compassion et sacrifice», porte le même nom que l’auteur et partage avec lui certains détails biographiques: tous deux ont suivi l’atelier d’écriture de l’université de l’Iowa, sont nés au Vietnam et ont grandi en Australie. Mais les autres nouvelles font le tour du monde, illustrant la capacité de Nam Le à capter les expériences d’une multitude de personnages: l’enfant d’Hiroshima pendant la Seconde Guerre mondiale; le tueur à gages de 14 ans dans les bidonvilles de Medellín, en Colombie; le lycéen fou de sport d’une ville australienne de bord de mer … Nam Le ne fait pas seulement preuve d’une maîtrise et d’une aisance stylistiques rares, même chez des écrivains chevronnés; il jouit également d’une capacité intuitive, viscérale, de restituer les conflits psychologiques de ceux qui voient leurs espoirs et leurs ambitions se fracasser sur les attentes familiales ou la violence de l’histoire. ... Son empathie pour les personnages et son style à la fois lyrique et poignant confèrent aux portraits de Nam Le une immense force. Il se met dans la peau d’une jeune Américaine en visite à Téhéran, comparant — sa vie faite de déceptions amoureuses et de satisfactions professionnelles à celle d’une amie iranienne qui a choisi de consacrer la sienne à la dissidence politique. Il se met dans la peau d’un adolescent australien se préparant à affronter un rival amoureux, au moment même où il doit faire face à la mort imminente de sa mère malade. Et, dans les deux dernières nouvelles, il raconte à quoi cela ressemble de vivre au quotidien avec la guerre du Vietnam qui gangrène chaque relation humaine et bouleverse chaque destinée. Il le fait dans la nouvelle «Le bateau» de façon directe, avec des effets dévastateurs; dans «Amour et honneur …», il procède plus implicitement, esquissant une histoire merveilleusement obsédante qui en dit aussi long sur les rêves et les fardeaux familiaux que sur le poids de l’histoire." (Click logo on left for full review.)
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Lucie Souliac, 12 January 2010: "Avec son premier recueil de nouvelles, l'écrivain vietnamien Nam Le fait une entrée remarquée dans le paysage littéraire. Un plume réaliste et enlevée, un certain regard sur le monde: voilà un auteur que l'on n'est pas près d'oublier. Le voyage commence à New York, mais très vite on se retrouve en Colombie, en Iran, à Hiroshima, au Vietnam ... Nam Le est un écrivain caméléon, qui sait adapter sa plume à différents pays et à des personnages de sexe opposé. Il se fait le porte-voix d'un jeune tueur à gages colombien, et quelques pages plus tard, d'une jeune fille vietnamienne sur un cargo de fortune. Le point commun entre tous les personnages ? Ils vont vivre un moment charnière de leur existence. Le jeune auteur les accompagne sur un bout de chemin, lourd d'un passé mal digéré et encombré de cadavres. Et quand la mort se fait plus pressante, la plume du jeune auteur prend une envolée lyrique. «J'ai pris conscience que la surface d'une rivière mettait des heures, voire des jours à geler — à retenir dans sa peau un monde d'une perfection cristalline —, et qu'il suffisait pour faire voler ce monde en éclats d'une pierre lâchée comme une simple syllabe.» Les personnages, frappés par la grâce, sont abandonnés là par l'écrivain. Un recueil éblouissant, tant par son unité de style que par sa diversité de voix, qui se lit d'un trait comme un seul roman sur l'humanité." (Click here to see Grazia's Top 10 unmissable books of the literary season) |
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Avantages, 1 February 2010: "Qu’y a-t-il de commun entre un ado colombien, devenu porte-flingue pour survivre, et un jeune Australien, armoureux de la plus belle fille du lycée, qui regarde sa mère mourir; ou encore un jeune écrivain américain, fuyant la page blanche, et son père? Tous les personnages des sept nouvelles de ce recueil sont autant de destins qui s’accrochent à des espoirs et des attentes quasi prosaiques et qui, pourtant, abordent tous des thèmes universeis. Ce jeune auteur nous était annoncé come une révélation, c’est peu de le dire. Sa vision du monde est comme décalée pour mieux nous emporter dans un style sobre et maîtrisé. Vivement son premier roman." |
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Review at Normand Parisien (1 May 2010) Geneviève Simon's interview in La Libre Belgique (4 March 2010) Julien Loubière's review at ActuaLitté.com (4 March 2010) Review at Le Quotidien (21 February 2010) Michel Wagner's review at Estrepublicain.fr (6 February 2010) Review at L'Union (24 January 2010) Review at Les Buveurs D'Encre (22 January 2010) Anne-Laure Bovéron's review at CultureCie (7 January 2010) Stéphanie Des Horts's review at La Revue Littéraire (28 December 2010)
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